De Mens
Esquirol écrivait : « L’homme en démence est privé des biens dont il jouissait autrefois ; c’est un riche devenu pauvre. L’idiot a toujours été dans l’infortune et la misère. »1. La métaphore économique continue de se filer de nos jours, des neurologues mettant en avant un « capital mémoire » qu'il importerait de préserver par des actions de préventions adéquate2. Si cela hélas ne suffit pas, il est désormais possible de prendre une assurance. Une enseigne bien connue propose un contrat « Capital Mémoire » couvrant les frais entraînés par la maladie d'Alzheimer.
Les « déments » comme les « déficients », comme leur nom l'indique, sont ceux que la doxa contemporaine désigne d'un « en moins ». Un moins d'intelligence, de mémoire, d'esprit, qu'elle enracine dans l'organisme. Cet « en moins » se chiffre, s'évalue et donne lieu à compensation, faisant des corps des valeurs d'échange, à l'intersection des discours de la science et du capitalisme.
Cliniciens orientés par la psychanalyse, nous travaillons au plus près d'un sujet qui par définition n'a pas d'âge, en ce qu'il convient de le distinguer de l'être parlant. Causé qu'il est par le discours, le sujet lui-même n'est pas ce qui parle. De là à le considérer comme pur Esprit, à l'inscrire dans une métaphysique désincarnée, il n'y a qu'un pas, qui se paierait de l'oubli du corps.
L'introduction du Parlêtre par Jacques Lacan permet de nouer le sujet à la jouissance du corps, désigne l'être charnel « ravagé par le verbe »3. Il rend possible une clinique qui échappe tout autant au réductionisme biologique qu'à la psychologisation naïve, mais aussi à l'illusion de leur complémentarité. Auprès de ceux que le lien social contemporain présente comme des « diminués », l'éthique de la psychanalyse seule prend acte de ce qu'un manque fondamental afflige tout sujet parlant, manque qu'il panse avec son corps4.
La De Mens questionne la mentalité, le pensement, ou la pansée, qui en résulte.
Les « déments » comme les « déficients », comme leur nom l'indique, sont ceux que la doxa contemporaine désigne d'un « en moins ». Un moins d'intelligence, de mémoire, d'esprit, qu'elle enracine dans l'organisme. Cet « en moins » se chiffre, s'évalue et donne lieu à compensation, faisant des corps des valeurs d'échange, à l'intersection des discours de la science et du capitalisme.
Cliniciens orientés par la psychanalyse, nous travaillons au plus près d'un sujet qui par définition n'a pas d'âge, en ce qu'il convient de le distinguer de l'être parlant. Causé qu'il est par le discours, le sujet lui-même n'est pas ce qui parle. De là à le considérer comme pur Esprit, à l'inscrire dans une métaphysique désincarnée, il n'y a qu'un pas, qui se paierait de l'oubli du corps.
L'introduction du Parlêtre par Jacques Lacan permet de nouer le sujet à la jouissance du corps, désigne l'être charnel « ravagé par le verbe »3. Il rend possible une clinique qui échappe tout autant au réductionisme biologique qu'à la psychologisation naïve, mais aussi à l'illusion de leur complémentarité. Auprès de ceux que le lien social contemporain présente comme des « diminués », l'éthique de la psychanalyse seule prend acte de ce qu'un manque fondamental afflige tout sujet parlant, manque qu'il panse avec son corps4.
La De Mens questionne la mentalité, le pensement, ou la pansée, qui en résulte.
1 ESQUIROL, Etienne, Des maladies mentales, tome II, J-B Baillière 1838, pp285-286
2 SMALL, Gary, Préservez votre capital mémoire, Presses du Châtelet 2004
3 LACAN, Jacques, Le triomphe de la religion, (1974), Editions du Seuil 2005, p90
4 LACAN, Jacques, Le séminaire, livre XXIII : Le sinthome, (1975-1976), Champ Freudien, Seuil 2005, p66


